Une statue pour Natalya Vasilyeva ? Et où est Wikileaks – ou un alter ego russe – en Russie ?

Posté le 15 février, 2011 dans actu / news, justice

Natalya Vasilyeva a donc, dans une longue et détaillée interview à Gazeta.ru, décrit que le verdict prononcé (dès) le 27 décembre 2010 contre Mikhail Khodorkovsky par le juge du Tribunal de Khamovnichesky avait été « piloté », par le Tribunal (supérieur) de Moscou notamment. Et au travers de cela le pouvoir. La presse a largement rapporté cet évènement spectaculaire (cf. ici, ici, ici et ici). Mais pourquoi l’est-il ? Parce que cela fait des années qu’une large impression, en Russie comme à l’extérieur, est que ce procès est un règlement de comptes politique, est mené par le pouvoir. Mais qu’aucune preuve tangible n’existait. Impression de corruption, de prévarication, d’influence, qui existe en de nombreux endroits – mais en étant le plus souvent confrontée à une preuve impossible. Ces déclarations de Mme Vasilyeva, assistante et responsable presse audit tribunal, ont immédiatement été traitées de mensongères et diffamatoires. Pourtant, quel serait son intérêt à de telles déclarations ? Cette absence de mobile à un acte qui serait infondé et malveillant parle pour elle-même. Cet évènement est donc spectaculaire parce qu’il est crédible, qu’elle donne des détails précis et nombreux, et parce qu’elle est l’une des premières, l’une des seules personnes à se lever de l’intérieur contre un appareil judiciaire notoirement corrompu et sous influence.

C’est remarquable parce que quand l’appareil judiciaire dysfonctionne, la preuve en est rarement rapportable – même en Occident. C’est remarquable quand bien même il faut prendre avec retenue nombre d’évènements qui se passent en Russie, faute de repères fiables sur l’honorabilité ou l’absence d’honorabilité des uns et des autres, officiels, politiques, juges, hommes d’affaires, oligarques ou même journalistes. Impossible de dire si Khodorkovsky vaut mieux que les autres ou non. Mais là n’est pas la question à partir du moment où son procès est biaisé. Dans un Etat de droit, c’est précisément à cela que sert une justice libre et indépendante : arbitrer les litiges, tous les litiges, entre privés comme avec l’Etat, avec l’exécutif, avec l’administration, avec la poursuite pénale et la justice elle-même au travers des degrés de juridiction et de leur indépendance. Sans biais. Justice qui est encore et aussi l’arbitre du débat politique et électoral notamment. En cela Mme Vasilyeva, sauf à ce qu’elle ait totalement menti, mérite une statue. Et pendant que le monde découvre dans les câbles américains révélés par Wikileaks une lecture du monde très conforme à la fois à la réalité et à ce que les autorités américaines en disaient, l’absence d’un même matériel fuité en Russie se fait assourdissante. Nul doute que ce serait passionnant, révélateur et probablement effarant. Allez. Just Do It someone. Mme Vasilyeva a osé. Someone let the world know.

une réponse à “ Une statue pour Natalya Vasilyeva ? Et où est Wikileaks – ou un alter ego russe – en Russie ? ”

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