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RELATIONS ENTRE ÉTATS – ENFIN LA FIN DE « L’INTÉRÊT » ?

Selon la formule, les États n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. C’est ce qui a permis à l’occident, après les avoir pillés, de commercer avec les pays du monde peu démocratique, pour leurs ressources naturelles, énergétiques ou alimentaires, pour leur main d’œuvre moins chère ou pour leur vendre des marchandises, de l’équipement, etc. Or la situation de la Russie, qui n’a jamais fait sa mue et n’en prend pas le chemin, et de la Chine, qui se referme et qui est à une croisée des chemins avec la réélection de Xi cet automne, sont devenues des impasses. Et qui qui mettent en lumière toutes les autres (Syrie, Arabie saoudite, Iran, Émirats, Turquie, Congo, Venezuela, etc.). L’ordre international né avec l’ONU après la deuxième guerre mondiale voulait que tout le monde en soit. Pour ne pas exclure et que le progrès, la démocratie et la paix se fassent par l’échange et l’inclusion. Cela était moralement juste et a fonctionné pour partie – mais le modèle touche à certaines limites. Trois quarts de siècle plus tard, où en sommes-nous ?

Le monde libre est démocratique, régi par l’État de droit et prospère. Les droits de l’homme et les libertés publiques y sont consacrés et la justice est indépendante. Il bénéficie d’une stabilité financière, de systèmes de santé et d’une justice sociale. Ceci a été acquis de haute lutte, sur de longues périodes, et aucun de ces acquis ne va de soi ni ne cesse devoir être protégé – tant il y d’intérêts contraires. Les autres profitent de commercer avec le monde libre – mais sans que leur population ne bénéficie, ou largement, ni du commerce, ni de droits. Le désengagement du gaz et du pétrole russe est-il ainsi un mouvement qui fera évoluer les lignes de front entre les deux camps ? Faut-il cesser de soutenir et de maintenir en place, par le commerce et l’intérêt, des régimes non-démocratiques ? Le risque est-il de créer des classes de pays – et un retour en arrière ou l’enlisement pour certains, et leur population ?

Le compas moral du monde est aujourd’hui l’UE. Dans une large mesure également les pays du Conseil de l’Europe, les États-Unis, le Canada, l’Australie et quelques autres. Certes ils ont aussi des intérêts économiques et géostratégiques. Mais cette voie de commercer avec, et de enable ainsi des régimes autocratiques, corrompus et maintenant leur population dans la misère et privée de droits, n’est plus, ou de moins en moins, acceptable. L’argument est tombé que le progrès se fera par l’inclusion et les échanges économiques : ce n’est pas le cas – seul le régime et une oligarchie en bénéficient, et chez nous ceux qui y ont un intérêt. Ces régimes doivent maintenant être confrontés à un ordre international dont ils ne peuvent plus profiter. Est-ce de nature à faire évoluer les régimes par les populations ? C’est ce qui pourrait se passer en Chine et qu’il faut tenter là où les anciens dogmes n’ont pas fonctionné. C’est une question morale y compris envers leurs citoyens. Cela nous coûtera-t-il plus cher (argument favori de la droite suisse) ? Oui. Et ce n’est pas ce qui importe.