D’aucuns de rétorquer d’entrée que les deux affaires ne sont pas connexes ni semblables, ni donc comparables. Il n’empêche qu’après l’affaire Hildebrand, le raté de la BNS relativement au rapport sur les fonds propres de UBS et Credit Suisse du 14 juin interpelle sérieusement sur les connaissances juridiques de base et de fonctionnement des marchés de nos banquiers centraux. Il dépassait l’entendement que M. Hildebrand n’ai pas compris le problème, et par conséquent fauté, indépendamment même de savoir ce que permettait ou ne permettait pas le règlement, de ce qui dirait ou ne dirait pas le rapport de KPMG. Cette dimension du problème, celle de base, a de manière regrettable tout de suite été dépassée par le problème politique Blocher/Sarasin puis par les lamentations que la Suisse se prive d’un personnage d’une telle envergure. Aujourd’hui à la BNS, aucun des pontes et techniciens associés au rapport de jeudi dernier n’ont pourtant réalisé l’impact – pourtant évident – que pouvait avoir ce rapport sur le cours de bourse d’une banque cotée. A nouveau l’explication de la surprise face à cet impact et au dévissage du titre Credit Suisse dès lors que les faits eux-mêmes étaient déjà publics est désarmante de candeur. Comment au monde à la BNS n’y a-t-il personne pour lever le doigt et dire qu’il va y avoir un effet sur le cours et par conséquent rappeler la nature d’information privilégiée du rapport ?
Cela dépasse à nouveau l’entendement – et suscite finalement la question légitime suivante : ces braves gens sont-ils finalement compétents ? N’ont-ils pas atteint leur niveau d’incompétence (pour un rappel sur le principe de Peter cf. Wikipedia [1]) ? Doit-il leur être rappelé la teneur de l’art. 161 CP que peut-être ils ont oublié ou même jamais lu, en ce qu’il vise la connaissance (…) d’un fait confidentiel dont il est prévisible que la divulgation exerce une influence notable sur le cours d’actions, d’autres titres ou effets comptables correspondants de la société ou sur le cours d’options sur de tels titres, négociés en bourse ou avant bourse suisse ? Ce qui semble pourtant assez genuine. Question suivante : y aura-t-il donc une enquête pénale et/ou de la part de SIX ? Y aura-t-il une enquête et des sanctions à la BNS sur la responsabilité pour un acte ayant entraîné des opérations d’initiés sur la chute du cours de 10% d’une capitalisation aussi importante que Credit Suisse ? C’est-à-dire au-delà de son risible communiqué [2] digne de l’agence Tass des années 70 qu’elle « reverra » sa politique d’information alors que cette diffusion anticipée à la presse avec embargo est sa pratique habituelle ? Rien en tout cas de cette situation sur le site de SIX, ni de la FINMA, ni de la BNS. Inquiétant – mais révélateur des mentalités de l’establishment financier suisse en la matière : le délit d’initié est une fiction, il n’existe pas – et notamment pas dans la statistique pénale. Bien réducteur tout cela.