
Le totalitarisme par la lutte contre le blanchiment : Au secours et battons-nous !
Nos sociétés font entièrement fausse route avec ce qu’elles mettent en place actuellement en cette matière. La lutte contre le blanchiment partait il y a vingt ans d’un postulat prétendument incontestable : take the money out of the crime, ne pas permettre que le système financier soit utilisé pour profiter de son produit. Déjà des voix s’élevaient contre la criminalisation de « l’après-crime », la répression du crime devant suffire, à cause des excès que cela préfigurait. Mais la répression ordinaire peinait par manque de moyens, le crime organisé était assez puissant pour déstabiliser les démocraties, et utiliser le système financier comme aide-gendarme semblait utile et acceptable. La suite est connue : ce qui devait viser le crime organisé, la criminalité grave, a glissé vers le crime ordinaire, puis vers la fiscalité – voler l’Etat c’est voler tout court, n’est-ce pas ? Et tout cela glissant encore vers la suppression du cash pour assurer totalement la surveillance non plus des criminels (une infime minorité) mais du contribuable (tout le monde). Chaque intermédiaire financier est mué en gendarme et, avec les technologies de l’information, collecte des données sur ses clients, parfois vieilles ou très vieilles, généralement non-fiables, imprécises ou sorties de leur contexte. N’importe quel compliance officer à la noix assis sur sa chaise devant Google se mue en inquisiteur et se met à poser des questions sur tel ou tel événement de la vie d’un client, le saisit et le conserve, ce qui constitue une collecte de données, pour prétendûment « connaitre son client ». Tout cela toujours pour éviter, objectif imparable pour lequel il est payé, que son établissement ne blanchisse le produit du crime ! Mais au secours, quelqu’un va-t-il se réveiller !?
Tout cela mène à la collecte de données et à la création de fichiers illicites et non-fiables pour un but que cette collecte ni ne garantit ni ne justifie. Tout cela mène à exclure l’accès à des prestataires de services financiers à des personnes qui ont pu avoir un problème judiciaire mais dont l’argent ne provient pas d’un crime et ce que rien n’accrédite. Et alors que l’usage de cash a aussi été interdit dans certains pays déjà au-delà de montants dérisoires. Il faudra alors créer une obligation des prestataires privés, en échange de leur concession régulée de faire appel au public, de servir « même » les gens ayant eu des problèmes, qui ne peuvent être marginalisés et privés d’un service vital : avoir un compte en banque et pouvoir payer et être payés. Ou alors des entités étatiques devront offrir ce service minimum – mais dans les deux cas sous quelle surveillance et après quel déshabillage du client ? Cet examen de moralité et du passé que cela a arrogé aux banques et prestataires financiers est indigne, contraire aux droits de la personnalité et aux droits de l’homme. S’il n’y a pas d’indice de ce que de l’argent est d’origine criminelle, le système financier n’a pas à mettre à nu ni à exercer la moindre censure. Collecte de données qui n’a au surplus rien à voir avec l’argent qui arrive, et qui ne supprime pas le risque de blanchiment. Contracter avec une banque est du droit privé et un prestataire privé peut avoir envie de savoir avec qui il contracte et refuser de contracter s’il ne le veut pas. Mais s’agissant de prestations de nécessité, la prochaine étape sera de rendre obligatoire de contracter. Puis de supprimer ou de cadrer massivement cette inquisition et censure privée. En vingt ans, le système est passé de basé sur la confiance à basé sur la défiance. Il est devenu in fine totalitaire et inhumain – sous couvert de bien faire, de justifications ponctuelles abstraites de la bigger picture. Comme dans in fine tous les totalitarismes. Quant au crime, il existe toujours et le citoyen honnête a perdu sa liberté. Battons-nous !