Un peu de délire – et avec le caveat que DSK est présumé innocent et vient de plaider non coupable alors que les deux autres ont été condamnés. Comme l’a dit en riant un banquier genevois dont l’identité sera soigneusement préservée, visez un peu le hedge fund de rêve qui pourrait être monté dans une prison new-yorkaise avec DSK à l’analyse macro(-économique), Rajaratnam (et son réseau) à la recherche et trading, et Madoff à la tenue des comptes/back office et à la vente. Plus sérieusement, Madoff is well known history now – mais l’affaire de délits d’initiés Rajaratnam/Galleon vient de se terminer par un sévère verdict de culpabilité qui mérite quelques mots. Premièrement, sa défense, évaluée à quarante millions de dollars (pour soixante de profits illicites), a pris le risque énorme du procès devant un jury, avec à la clé vingt ans de prison (le prononcé de la peine est à venir mais dans ces eaux-là). L’objectif était d’obtenir un jury non-unanime, sur le doute que Rajaratnam avait traité des informations en réalité publiques, et ne reposant donc pas sur des « tuyaux » illicites. C’est une défense classique en la matière et touchant à la difficulté de la preuve de la passation volontaire d’une information qualifiée d’illicite.

Pari très rudement raté donc, pour d’aucuns irréaliste voire suicidaire compte-tenu des possibilités de plaider coupable qu’offre le droit américain. Ce que cette affaire a révélé au delà de la condamnation médiatisée et symbolique du leader milliardaire du fonds Galleon, c’est qu’il ne s’agissait pas de tuyaux isolés ou épisodiques comme plus traditionnellement en la matière – mais d’un véritable réseau avec de multiples sources d’approvisionnement organisées d’informations privilégiées. Et que seule une enquête à grande échelle avec de vastes moyens policiers dont de nombreuses écoutes pouvait confondre. Le jury n’a donc pas cru au doute, et d’autant moins que vingt autres inculpés sur vingt-six avaient eux plaidé coupable…

C’est un autre hedge fund poids lourd (douze à seize milliards de dollars sous gestion selon), SAC Capital, qui est désormais dans le collimateur, avec quatre guilty pleas sur douze inculpés à ce stade. Même constat à ce stade qu’il s’agissait d’actes organisés et d’un réseau, et donc pas non plus d’insider trading d’occasion ou à la plus petite semaine. Très intéressant également que l’enquête mette à jour des relations organisées avec des employés de firmes d’analyse qui remontaient des informations privilégiées. Et des transactions suspectes dans le marché des options – dont ce blog (cf. post du 2 décembre 2009) considère qu’il est bien davantage le lieu d’opérations illicites parce que moins facilement détectables compte-tenu de ce qu’il s’agit de produits dérivés, donc de formules mathématiques, et d’un marché plus complexe que le marché actions. A suivre donc. Peut-être que l’animateur de SAC Capital, Steven Cohen, milliardaire lui aussi, rejoindra les trois autres. Waow le fonds alors !