L’avocat qui utilise la mise en page du TF – et de l’art de l’écriture et de la typographie pour les avocats

Posté le 7 mai, 2014 dans avocats / advocacy

Au-delà de la rédaction elle-même bien sûr, la mise en page et le caractère d’imprimerie utilisés par l’avocat comme par tout professionnel de l’écriture et de la communication sont très importants. Outre l’aspect esthétique toujours subjectif, certains caractères et types de caractères sont plus lisibles, moins fatigants, plus efficaces que d’autres, en fonction du type de texte également. Ce blog a souvent relevé (cf. aussi ici) l’importance du legal writing, et le peu d’attention qu’il était porté en Suisse et en Europe à cette discipline pourtant véritable, partant de l’idée que l’avocat avait appris le français à l’école et qu’il disposait dès le premier jour de toutes les compétences linguistiques et typographiques pour faire passer son savoir juridique. Or rien de plus faux bien sûr, et surprenant s’agissant d’une profession qui fait au moins pour moitié commerce d’écrire. Ainsi l’excellent et même indispensable ouvrage Typography for Lawyers qui expose dans le détail les clés de l’efficacité typographique et toutes sortes de règles méconnues de présentation, ponctuation, utilisation des signes, espaces, etc. Une chance pour l’avocat suisse et européen d’avoir cette latitude, à utiliser à bon escient, alors que l’avocat américain est lui contraint par des règles de présentation dépendant de chaque juridiction (caractère, interligne, marges, forme des citations et références, etc.). Une chance compte-tenu de la valeur ajoutée d’une présentation optimale en fonction du type d’écrit, du destinataire, de l’objet, etc.

Une chance – alors que la majorité des avocats ne se posent pourtant étrangement pas même la question, cadenassés toutefois par les caractères standard des logiciels de traitement de texte. Il faut en effet presque nécessairement choisir parmi ceux-ci pour s’échanger des textes avec la faculté de les travailler en mode révision, et même simplement que le traitement de texte du récipiendaire les ouvre et les présente correctement. Egalement utile de connaître les décisions des juridictions pratiquées, leur structure de raisonnement, leur style simplement parfois. Pour s’y adapter dans ses propres écritures devant elles. A Genève un avocat a repris entièrement le caractère d’imprimerie du Tribunal fédéral, sa mise en page, ses formules de citations et sa nomenclature de division. Bonne idée, impertinence ou crime de lèse-majesté ? Curieux en tout cas. Ce caractère sans sérif et cette présentation assez aride donnent exactement cette impression, soit d’un certain sérieux dans la forme et dans le propos, mais également clairement celle de singer le TF, d’en capter l’autorité ou de vouloir le faire. Et d’où effectivement une perception d’une certaine prétention – alors que l’avocat, au contraire du juge et particulièrement de la juridiction suprême, est par essence partial. Impression d’un curieux apparentement donc, d’une absence de démarquage en tout cas. Efficace en tout état ? A voir mais intéressant.

 

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