
Un simple entrefilet dans la presse suisse en pleine torpeur et désaffection estivale pour l’amende record et historique infligée par la SEC à Goldman Sachs en lien avec un produit structuré
Or donc, comme suivi et exposé par ce blog (cf. du 28 mai), la SEC s’en prenait à Goldman Sachs pour fraude en lien avec un produit structuré complexe « subprime », au doux nom de Abacus 2007-AC1. La SEC et des investisseurs floués critiquaient Goldman pour avoir caché que le hedge-fund Paulson avait pris part à la sélection de certains sous-jacents du produit et pariait contre celui-ci dans le marché. Pour Goldman et d’autres opérateurs, il n’y avait aucun problème à cela, le pari (financier) était ce qu’il était, pour lui-même, et il était courant que des intervenants parient sur ou contre un même produit simultanément, que c’était là une des règles ou pratiques du marché. Certains y voyaient également une manière à bon marché pour la SEC de redorer son blason après les couacs majeurs de Madoff et Stanford, et que Goldman, responsable intouchable de bien des maux des marchés, méritait bien une fois un bon coup de marteau sur la tête – quelle qu’en soit finalement la cause. Eh bien la SEC et Goldman Sachs viennent de transiger avec à la clé une admission par Goldman que l’information diffusée au marché était incomplète précisément quant à l’intervention de Paulson, et une amende record de 550 millions de $. Est-ce peu ? Beaucoup ? Un fait divers ou un accord significatif ? Qui gagne ou perd-t-il de la SEC ou de Goldman ? Cette amende est historique et significative à plusieurs égards.
D’abord il y avait eu débat et vote divisé au sein de la SEC pour ouvrir l’action – fait rare et révélant là des doutes (en réalité curieux) sur le bien-fondé et sur l’opportunité de l’action. Ensuite, c’est la plus haute amende jamais imposée à une des grandes banques de Wall Street – et un tel « record » compte, a un impact symbolique. Même si Goldman peut l’assumer sans aucun péril. C’est le signe qu’aussi complexe un produit soit-il, et aussi puissante une banque soit-elle, il y a lieu de respecter la transparence et l’honnêteté que les marchés postulent. Finalement, cette amende se rapporte ainsi à une obligation qui n’est ni complexe ni nouvelle, mais au contraire basique, intime et séculaire au marché : l’informer honnêtement des faits, peu importe lesquels, qui ont une pertinence dans l’évaluation de la valeur, et des risques et des chances, d’un investissement, et en lien avec l’émetteur ou avec ce qu’il sait. La vraie question est plutôt la suivante et comme toujours : les opérateurs prendront-ils eux-même cette amende comme un risque inhérent à leur activité, comme l’automobiliste sait qu’il prendra de temps à autres une amende pour excès de vitesse ? Ou la prendront-ils comme ils le devraient, c’est-à-dire comme une piqûre de rappel des obligations fondamentales postulées par le marché, de leurs contours, et comme le fait que ces infractions sont sanctionnées. Naturellement, quelle que soit la réponse, de telles poursuites se répéteront nécessairement parce que les marchés comportent, en permanence, une part incompressible et en réalité relativement élevée d’abus de marché sous ses diverses formes, dont cette affaire n’est qu’un exemple parmi de nombreux.
[…] sont fréquents, inhérents même au secteur des services financiers. Dans l’affaire Goldman Sachs/Abacus, nombre de voix avaient affirmé par exemple qu’il était habituel qu’un banquier […]