A l’heure à laquelle certains régimes politiques autoritaires vivent leurs dernières heures à la faveur de révolutions mues par la liberté de s’exprimer et d’information, il demeure dans certaines fédérations sportives des comportements tellement décalés – et contraires au droit – qu’ils en sont incompréhensibles. Ils sont une preuve en tout cas de la réminiscence d’un autoritarisme et d’une mentalité dépassés mais qui ont la vie dure. Et, comme pour les régimes politiques, qui sont détrimentaux pour leur propre activité et réputation. Didier Cuche est ainsi sanctionné d’une amende de 5’000 francs pour avoir protesté contre le refus d’officiels d’avoir remédié à un saut dangereux, et indiqué qu’il n’hésiterait pas à en faire état publiquement en cas d’accident. Outre le fait que ce sont les athlètes qui prennent le risque physique et personnel de ce sport, et assument les conséquences personnelles et financières en cas d’accident, ce qu’a dit Didier Cuche est tout simplement totalement licite. La décision de la FIS est ainsi scandaleuse et ne tiendrait pas dix-minutes si elle était un jour soumise à quelque tribunal civil que ce soit, étatique ou arbitral. Imaginez un citoyen qui aurait dit la même chose au maire du village sur le panneau de basket de la cour de l’école qui pourrait s’effondrer et blesser quelqu’un – et qui soit mis à l’amende disciplinaire pour ses propos.

Ce serait et à juste titre un scandale politique et une violation des droits civils et fondamentaux. Ce qui irrite encore plus dans le cas de Didier Cuche est que les médias, sportifs ou non, relaient cette information sans le moindre esprit critique. Juste un fait. Mais peut-être pas étonnant dès lors qu’ils sont constamment demandeurs envers les fédérations de nouvelles, scoops, faveurs, contrats, et accréditations – les rendant souvent bien complaisants et annihilant leur libre-arbitre. Swiss-Ski relaie la position de Didier Cuche en la soutenant implicitement et avec une belle photo. Très bien et de bonne guerre peut-être envers la FIS et la concurrence. Mais mémoire bien courte et peu de cohérence suite à l’affaire Lara Gut en début de saison. Point commun pourtant : les deux athlètes amendés Didier Cuche et Lara Gut sont les deux meilleurs skieurs suisses au classement général de la Coupe du monde – et les plus populaires. D’où vient en Suisse (car la FIS est en Suisse et soumise au droit suisse) ce vieux réflexe de couper les têtes qui dépassent et de s’agripper à de vieilles disciplines (militaires ?) et comportements autoritaires et contraires au droit en matière sportive ?