Ethique, salaires et crise de moralité – suite

Posté le 22 mai, 2009 dans finance / eco

Dans la suite du dernier billet sur la cause de la crise, quelques informations en vrac. En France des patrons créent un « Comité des sages » pour « surveiller » les rémunérations des dirigeants d’entreprise. Bébéar, qui en est l’un des moteurs, croit en le pouvoir psychologique et en l’adhésion volontaire des entreprises. Les milieux économiques se mettent à plaider plus activement que l’autorégulation doit primer sur la règlementation, laquelle pénalisera les entreprises. Tout cela est très bien mais vient probablement trop tard car se situant au sein d’une crise profonde et après des années de combat de groupes d’actionnaires et syndicats, c’est-à-dire sous leur pression et alors qu’ils sont en train d’aboutir dans l’imposition de leurs vues dans la population.

Une législation contraignante sera-t-elle mauvaise pour les entreprises ? Dans une vision capitaliste fondée sur les équilibres de marchés, et en théorie, peut-être. La réalité de ces vingt dernières années à cependant été toute autre. En toile de fond le débat, légitime, de la répartition des profits de l’outil de production, entre dirigeants, actionnaires et travailleurs. Mais dans les faits l’accaparement plus ou moins habillé d’une part excessive des profits par les conseils et hautes directions. Les excès ayant frisé le pénal de l’affaire ABB/Barnevik, des Ospel et consorts et la suffisance des Vasella ont lentement pavé la voie d’une évolution qu’il ne semble plus possible d’interrompre. Tout cela s’inscrit donc précisément dans la question d’une crise d’éthique, de valeurs qui évoluent, de la démocratie actionnariale laquelle progresse et que ces prébendes auront en définitive portée.

Le débat sur la clé de répartition des profits du travail et de l’outil industriel est passionnant, c’est un vrai débat de société et du capitalisme, j’aimerais bien qu’il intervienne en ces termes – mais nous n’y sommes pas encore. Les directions ont pour l’instant perdu la main du fait de leur incapacité à régler le problème, quand bien même il est palpable depuis longtemps, et elles n’y pourront plus rien de crier que légiférer et réglementer sera mauvais, même si cela est probable. Ce bridage interviendra en réaction directe et épidermique sans probablement toucher le débat de fond. Deux infos récentes dans le sens de ce qui précède. Selon le sondage d’Ernst&Young cité dans la presse mercredi, 71% des suisses doutent de la probité des dirigeants d’entreprises. Lesquels se perçoivent évidemment différemment, soit comme une élite et possédant un haut degré de valeurs morales. Cela interpelle. Ce décalage est criant de pertinence et la preuve de ce que leur sort sera réglé contre leur gré et de leur faute. Cela a d’ailleurs commencé puisque les actionnaires de Shell ont rejeté mardi à 59% les rémunérations des dirigeants.

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