Dépêche (AFP) ce matin sur le rapport de l’AMF confirmant ses constatations de délits d’initiés chez EADS, et faisant état de sa transmission au Parquet de Paris et de la désignation d’une juge d’instruction pour enquêter au plan pénal. La dépêche relève, rappelle, que plus largement, cela ouvre en réalité le débat sur une « moralisation » de la vie boursière. La moralisation de la vie boursière est cependant un vieux et vaste débat. Cette affaire en ouvre également un second, un peu plus tabou, qui est celui de la dépendance du secteur économique au pouvoir en France, mais lequel n’est pas nouveau non plus – et est vaste également. Elle en ouvre en réalité, de manière idéale et opportune, un troisième, plus nouveau et qui est dans la ligne de l’évolution actuelle du droit et du droit des sociétés en matière de transparence, de corporate governance, d’interdiction des conflits d’intérêts et d’interdiction de distortion des marchés. Est-il finalement légitime, praticable, possible, aujourd’hui, de détenir et traiter des titres d’une entreprise cotée dont l’on est organe ou employé ? L’enjeu de cette enquête, vu les faits, pourrait donc bien s’étendre à la question de savoir s’il n’est pas en réalité incompatible d’être actionnaire d’une entreprise (cotée) que l’on dirige ou dont l’on connaît de l’intérieur les faits et gestes internes susceptibles d’influer sur le cours de son titre. Avec à terme une scission nécessaire, dans l’air du temps, de la qualité d’organe/employé et d’actionnaire. Cela serait-il incompatible, ne serait-ce que moralement, avec la liberté d’être actionnaire de l’entreprise que, par exemple, l’on a soi-même créée ? Cette restriction ne devrait-elle se concevoir qu’en raison de la cotation et donc de l’accès au marché ? Des garde-fous (e.g. des fenêtres de transactions limitées ou devoirs d’annonce particulier des transactions du management) sont-ils au contraire praticables et susceptibles d’efficacité ? A suivre !