Big Law : Quelques heurs et malheurs des méga-Etudes américaines – à pas mal de lieues de nos pratiques ?

Posté le 14 avril, 2014 dans avocats / advocacy

Dans la saison 4 de The Good Wife, Lockardt/Gardner est en redressement judiciaire avec un curateur sur le paletot. 60 millions de dollars de dettes les plombent et qu’ils doivent refaire dans un court délai tout en dégraissant. Et avec l’horrible perspective que leur concurrent et ennemi l’horrible Canning les rachète – ou plus exactement leurs dettes. A Hollywood la fiction est parfois très en prise avec la réalité : la liquidation de l’Etude Dewey & LeBoeuf, autrefois fleuron, en est un exemple – qui turns very ugly mais donne également un panorama des problèmes qui peuvent découler de la faillite d’une grande Etude intégrée. Ainsi l’ancien COO (oui les grandes Etudes intégrées ont des COO) est-il poursuivi par la masse pour 9 millions de salaires, bonus et autres compensations excessivement généreuses au titre de l’action révocatoire. Pire encore, les Etudes rejointes par d’anciens associés sont poursuivies pour les profits des affaires non-terminées qu’ils y ont apportées. Des jugements d’appel sont à rendre – les avocats plaident que les clients ne peuvent être les otages de ces créances, que leur mobilité et leur libre choix ne peuvent être entravés, et les liquidateurs plaident que cette facturation est un actif de l’Etude faillie. Dans le cas de Dewey, ces créances de unfinished work représentent 60 millions. Face à des comptes d’exploitations en centaines de millions, le départ d’associés dans le cadre du jeu de la concurrence est lui-même à même de causer parfois un manque de recettes fatal. De fait il y a eu plus de quinze méga-Etudes ayant fait faillite en dix ans aux Etats-Unis – montrant leur vulnérabilité à des variations conjoncturelles et autres facteurs affectant les charges et recettes. Avec également du pénal.

Dans le cas de Dewey, sept anciens employés travaillant avec le CFO, dont le directrice de la facturation, ont plaidé coupable de malversations comptables destinées à camoufler l’insolvabilité de l’Etude en masquant des pertes et en gonflant des recettes. Pas bien glorieux mais révélateur de ce que ces méga-Etudes rencontrent des problèmes de grandes sociétés – assez lointains finalement de la pratique du Barreau. Les chiffres donnent le tournis et sont à la hauteur de l’angoisse que doit représenter la gestion des charges face à la volatilité du chiffre d’affaires : une baisse de 12,4% chez Patton Boggs représente 39,5 millions, et 110 chez Bingham McCutchen – 850 avocats. Et des budgets qui sont tenus – ou pas, avec à la clé des licenciements en dizaines en fonction de ces aléas – 36 avocats et 67 assistants chez Patton Boggs. D’autres ont vu leur résultat croître à l’inverse de 16% en 2012 – croissance qu’il faut gérer. La moyenne est une croissance de 2,5% en 2013 sur un échantillon de 180 Etudes, et un marché qui se segmente par le haut : les top 50 en termes de revenus sur-performent le marché. Au chapitre des malheurs les procès en responsabilité : Skadden vient de payer 4,25 millions au liquidateur d’un hedge fund lui reprochant d’avoir mal défendu ses intérêts et ceux de ses investisseurs. En tout cas mieux vaut-il savoir compter : une étude effectuée par Harvard auprès de 124 avocats travaillant dans 11 méga-Etudes laisse apparaître que la maîtrise de la comptabilité et de la lecture de bilan et d’états financiers est une priorité pour l’avocat aujourd’hui dans le Big Law business. Et enfin comme toujours, être recruté par une grande Etude passe par le fait de sortir d’une Law School du top du classement du National Law Journal.

 

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