Affaire Madoff : Cut & Paste, ou la seconde vie, la revanche, l’oeuvre, le tribut au tenace Harry M. Markopolos

Posté le 27 mai, 2009 dans finance / eco

Le tenace M. Markopolos, le whistleblower, celui-là même qui avait sans succès à de réitérées reprises pendant plusieurs années tenté d’attirer l’attention de la SEC sur le fait que Madoff était un Ponzi scheme ou, au mieux, un front runner. Ayant rongé son frein, subi l’arrogance des officiels de la SEC, et ravalé sa frustration pendant près de dix ans. Puis ayant finalement atteint et connu sa célébrité le temps d’un quart d’heure (financier) selon la théorie d’Andy Warhol, notamment pendant son audition devant la Commission des affaires financières du Congrès le 4 février 2009 et dans 60 Minutes le 1er mars. Markopolos n’a pas réussi, à son corps défendant, à empêcher la cavalerie de Madoff,  à en préserver les investisseurs. Il aura fallu la crise et des rédemptions en masse de ses feeder funds pour que l’insolvabilité de Madoff, par l’épuisement des avoirs qui lui étaient confiés, s’accélère mathématiquement et ne se fasse finalement jour – ce qui était inévitable. Son quart d’heure de célébrité immédiate passé, Markopolos revit aujourd’hui quotidiennement au travers de son œuvre : son rapport du 7 novembre 2005 à la SEC.

Ce rapport Markopolos, déjà évoqué et linké sur ce blog, passionnant at the outset, au moment où en décembre 2008 personne ne savait encore ce qui s’était réellement passé, a déjà été lu, analysé, critiqué par tous ceux qu’il accuse, implicitement, de négligence de tous les degrés. Much too cute pour être vrai pour certains. Parfois même argué de faux. Si Markopolos n’a pas réussi à empêcher la fraude ou à la faire découvrir plus rapidement, ce qui le navrait, il est aujourd’hui le fondement universel de la mise en cause de tous ceux qui, dans les milieux financiers, à quelque niveau de la chaîne que ce soit, n’ont pas eu son nez, son intuition, son analyse tout simplement, ont marché dans la combine et sont tombés dans le panneau Madoff. Tous les intermédiaires ne sont de loin pas blâmables ou en tout cas pas au même degré. Mais ceux qui le sont, et par opposition à tous les autres acteurs ayant évité Madoff autrement que par chance, devront leur fate à Harry Markopolos Jr.

Son rapport du 7 novembre 2005 est incroyablement précis à l’aune de ce qui a été découvert depuis la chute de Madoff. Il est copié-collé dans toutes les demandes civiles et pénales qu’il m’a été donné de voir, des civil fraud charges du Procureur de New-York Andrew Cuomo aux actions en responsabilité au Luxembourg, en Suisse, en Floride, en Irlande et ailleurs. Il est copié-collé non par plagiat ou par facilité mais parce qu’il avait vu juste, que sa description des red flags est tellement juste que de ne pas les avoir identifiés est le ferment de la responsabilit de tous ceux qui en avaient un devoir contractuel ou civil à un autre titre. C’est l’heure des comptes, et des règlements de comptes, et Markopolos est partout, poursuivra partout ceux qui, au contraire de lui, n’ont pas vu alors qu’ils le devaient. Sauf, de manière choquante mais repassée à l’arrière-plan vu la crise, la faillite de GM, celle des banques, le TARP, celle qui l’aurait dû plus encore que tous les autres : la SEC. J’ignore si la SEC reviendra un jour sur le tapis, protégée qu’elle est en l’état par son immunité d’agence fédérale, mais il le faudrait sérieusement au titre d’impératif de justice.

une réponse à “ Affaire Madoff : Cut & Paste, ou la seconde vie, la revanche, l’oeuvre, le tribut au tenace Harry M. Markopolos ”

  1. […] de l’accablant rapport Markopolos de 2005 très vite révélé (disponible sur ce blog du 27 mai 2009)  mais surtout des conclusions transparentes et accablantes pour elle de sa propre enquête […]

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