Abus de marchés : De justicier short seller à chasseur de primes – et l’absence de transparence de la Finma dans l’affaire Valiant

Posté le 23 mai, 2012 dans finance / eco

Sur le papier ou dans l’idéal capitaliste, les marchés fonctionnent de manière libre, libre de toute influence indue résultant d’autres considérations que l’offre et la demande fondées sur le pari économique auquel procède chaque acheteur et vendeur. L’information interne aux entreprises cotées est encadrée – vu l’avantage qu’elle procure aux initiés par rapport aux non-initiés. Indépendamment de l’exploitation d’un fait confidentiel susceptible d’influer sur le cours, les marchés peuvent être victimes d’autres abus et manipulations, dont la diffusion de nouvelles, vraies ou fausses, par des tiers, en premier lieu les analystes et agences de notation. Certains ont développé une technique adossée aux possibilités de short selling : publier leurs études révélant ou suspectant des anomalies dans les comptes publiés de sociétés cotées – et vendant leur titre à découvert en anticipant l’effet à la baisse de leurs révélations (cf. entre autres Le Temps). Manipulation illicite ou action et exploitation de faits publics légitimes ? Activité dangereuse en tout cas sur des titres chinois puisque ayant apparemment entraîné des actions judiciaires et menaces physiques (cf. Bloomberg), ces dernières étant un signe de plus de ce que les chinois n’en ont pas encore une conception entièrement conforme à l’Etat de droit. Et d’où l’idée de ces opérateurs de se recycler dans les annonces d’irrégularités à la SEC (cf. ce blog) – récompensées par des primes si elles aboutissent à leur constatation et sanction. Une forme moderne de chasseurs de primes en quelque sorte, laquelle a sûrement son sens si elle va dans le sens de la bonne régulation et transparence des marchés.

En Suisse un communiqué de presse a révélé que la banque Valiant a été sanctionnée par la Finma pour manipulation de cours. Communiqué d’une page. Rien sur le site de la bourse suisse SIX. A une demande de connaître la décision (ou un rapport complet ?) pour en savoir plus, la Finma oppose un refus. Or la Finma est une autorité publique de surveillance d’acteurs économiques régulés faisant appel au public, et de marchés publics, et il s’agit d’un cas de manipulation d’un cours d’une société cotée sur un tel marché ouvert au public. Même si comme il l’indique cette décision de la Finma est soumise à recours, le seul communiqué de presse comme information publique et au marché est insuffisant. Cet exemple est mauvais et une réminiscence de la Suisse calfeutrée, secrète et peu transparente d’antan. Ces faits devraient être entièrement publics, au titre d’information du marché, au titre d’exemple, au titre de jurisprudence sur les conditions dans lesquelles le régulateur intervient. Et surtout parce qu’il peut y avoir des lésés et donc au au titre de faits que tous les porteurs d’actions Valiant ont le droit de connaître afin entre autres d’examiner s’ils ont été atteints par ces agissements. En ne révélant que des bribes, la Finma porte ainsi en réalité elle aussi atteinte à la transparence et au bon fonctionnement du marché concerné, et altérant la confiance que peuvent avoir en lui les investisseurs et notamment au plan international.

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