ALLEINGANG

Posté le 11 février, 2019 dans actu / news

Ce mot n’a pas besoin d’être traduit – il dit dans sa langue toute la puissance de son sens. Il traduit le repli de ceux qui y voient le salut, qui l’affichent comme force et indépendance – alors qu’ils n’y trouveront que la misère. La rhétorique populo-nationaliste est géniale, imparable ? En fermant nos frontières et en nous gérant nous-mêmes, c’est-à-dire sans interdépendance économique ou juridique envers l’étranger, tout ira – forcément – mieux ? Notre sort est la faute de l’autre, de nos « ennemis » réels ou supposés ? C’est si facile à dire – même si c’est faux ou parce que c’est faux. L’Alleingang est partout, sournois, polymorphe – parce qu’il est facile. Mais ça mène où tout ça ? Les exemples ne manquent pas – et ils sont constants : tous ceux qui se replient sur eux-mêmes et jouent solo se délitent et s’appauvrissent moralement et économiquement. La livre turque a perdu deux tiers de sa valeur en cinq ans. Le forint hongrois s’érode lentement mais sûrement, comme la livre sterling, et sans même parler du Bolivár. L’économie du Royaume-Uni s’effondre. Les Etats-Unis se sont isolés sur la scène internationale – ce qui les affaiblit et, la nature ayant horreur du vide, a laissé d’autres prendre de l’influence. La Russie est demeurée méfiante, brutale, non-démocratique et, in fine, isolée. Cela sert ceux qui sont au pouvoir – mais pas le peuple car bridant sa prospérité à une fraction de ce qu’elle pourrait être si elle était libre, transparente et démocratique.

Ce qui précède ne vaut pas que pour les Etats. Les individus qui se replient sur eux-mêmes et sur l’information, et donc sur la perception du monde, seule conforme à leur convictions, s’appauvrissent moralement et économiquement. Ils perdent la faculté de comprendre l’autre et de trouver avec lui des consensus. Leur repli mène lui aussi au blocage – qui prévient les échanges qui sont facteur de prospérité. Le blocage est à la mode et s’affiche fièrement comme une force de ses convictions. Il est en réalité une faiblesse et un échec. La liberté et la prospérité vont de pair et se sont concrétisées sur l’échange, la compréhension et le respect d’autrui. Elles se sont concrétisées sur la prise en compte de l’intérêt d’autrui – comme servant les siens propres. L’Alleingang est peut-être aujourd’hui le véritable ennemi – parce qu’il empêche de combattre tous les autres.

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